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Pierre Biron, auteur du
« Lexique nautique anglais - français »,
recommande l'utilisation du substantif « assiette » et de
l'adjectif « assise », plutôt que le terme « position
» comme le font le dictionnaire Robert & Collins super senior
anglais-français, ainsi que le Lexique de l’Office de la Langue
Française. Voici l'analyse qu'il m'a envoyé pour appuyer sa
recommandation.
Pourquoi ne
pas utiliser « position » en français ?
J’ai des
réserves avec l’équivalent « position » pour traduire « lie »,
comme le font le dictionnaire Robert & Collins super senior
anglais-français, ainsi que le Lexique de l’Office de la Langue
Française, parce qu’il confond avec la position topographique
(dans un plan horizontal).
On pourrait
toujours conserver l’adjectif « posée », mais le substantif «
pose » ne conviendrait guère; rappelons qu’en terminologie
maritime la posée (substantif) est l’assiette après échouement
volontaire à marée basse; si le bateau n’est pas à
l’horizontale, il est mal posé, il a une mauvaise posée.
On peut penser
à l’adjectif couchée puisque « to lie down » se traduit par se
coucher, mais ce serait une traduction trop littérale, et en
français ce terme est plutôt appliqué au corps, aux objets longs
et non aux boules et aux balles.
Propositions
Substantif : |
assiette |
Adjectif : |
assise et, à
la limite, posée. |
Justification pour le substantif « assiette »
Le terme
anglais que nous voulons traduire se définit lui-même comme une
façon pour la balle de se tenir (sitting-up), d’être assise (sitting).
Selon
Pierre Larousse
rf.7, le premier sens du
substantif assiette est la « manière dont on est placé, posé ».
Selon le Petit Robert, c’est en vieux français
rf.8
la position, l’équilibre de quelqu’un; c’est la façon dont on se
tient, dont on est tenu.; en terminologie maritime l’assiette du
navire est « déterminée par son tirant d’eau » (explicitement
par son tirant d’eau général et par son uniformité à chaque bout
du bateau et de chaque bord); en sports équestre c’est la «
situation du cavalier sur la selle ».
En
terminologie maritime, l’assiette d’un navire est son équilibre
à la flottaison (trim), l’orientation de la coque par rapport à
la surface de l’eau et son tirant d’eau (depth under waterline).
C’est la « manière dont le navire est assis dans l'eau,
autrement dit sa situation par rapport à la différence de ses
tirants d'eau avant et arrière
rf.9.
» Le bateau est dans son assiette lorsqu’il flotte à
l’horizontale lorsqu’il ne penche ni vers l’avant ou sur
l’arrière ni sur bâbord ou sur tribord – et lorsqu’il n’est pas
enfoncé plus bas que ne le prévoit sa ligne de flottaison. Il «
est dans son assiette » lorsqu’il est parfaitement « posé » sur
l’eau, ce qui implique que la cargaison est bien répartie et
respecte les limites prévues, l’architecture navale est
correcte, et n’y a pas d’accumulation d’eau dans un
compartiment. Où est l’analogie avec l’application au golf,
puisque la balle n’a pas d’axes horizontaux comme un bateau ?
Réponse : cette « bonne assiette » facilite la navigabilité, la
vitesse de pointe, la tenue de route, dès que le navire est mis
en route (underway). Au golf la bonne assiette facilite la
frappe.
Dans un
sens moderne
rf.10 appliqué à
l’équitation, l’assiette du cavalier est sa tenue sur sa
monture. Où est l’analogie ? Si son assiette est bonne, le
cavalier obtiendra un meilleur contrôle du cheval. Au golf, la
bonne « assiette » permet de frapper le milieu (l’équateur) de
la balle avec le centre dynamique (sweet spot) de la face du
bâton et ce, à l’angle d’attaque voulu. L’usage d’un tee, permis
seulement sur le tertre de départ, assure une assiette idéale,
et d’ailleurs certains débutants contournent les règles du jeux
et s’en servent même dans l’allée pour ne pas retarder le jeu de
leurs partenaires expérimentés.
Exemples
Analyse des
contextes de position
« lie », « good
lie », « bad lie », comme dans « how is the ball lying ».
Littéralement la façon dont la balle est couchée, posée, déposée
sur la surface du terrain et la qualité de cette surface et de
l’interface avec la balle, la façon dont elle tenue par la
surface. Commençons par la comparaison des termes anglais : lie
versus position, location.
1) Lie (good
or bad)
Le pro
Brent Kelley
rf.1 définit le lie « the
location where the ball sits, commonly used in descriptive terms
such as good lie, on the fairway with good grass under the ball,
bad lie, in the rough.”
Un autre
source rf.2
le définit comme “A characteristic of a ball at rest… Is the
ball sitting nicely atop the fairway such that it will be easy
to strike? A good lie is one where the ball can be cleanly
struck. An ideal lie is one where the ball is sitting up. A bad
lie is one where portions of the ball are buried or are hidden
by dirt or sand or twigs or grass and one or more of these must
be struck by the club before making contact with the ball.” La
même source précise que “Sitting up describes a ball that has
come to rest, well supported by the grass such that it will be
very easy for the golfer to get the clubface under the ball to
give it a lofted trajectory. The opposite of a buried lie. »
WorldGolf le définit comme étant “The position in which the ball rests on the ground”.
Il est clair qu’il ne s’agit pas de la situation géographique, à
100 verges du vert par exemple. C’est la façon dont la balle
repose sur le sol. Par extension, dans un sens élargi, le terme
anglais « lie » est utilisé pour remplacer le terme « position »
mais c’est le contexte qui nous permet de constater ces
extensions. Nous discutons ici de l’usage strict du terme « lie
», spécifique au golf.
Au sens premier
et restreint du terme, le « lie » résulte de l’interface entre
le terrain et la balle, i.e. la façon de reposer sur la surface
(dans un plan vertical) et la qualité de cette surface et de
l’interface dans la mesure où ces caractéristiques facilitent ou
défavorisent le meilleur impact possible. WorldGolf inclut la
notion de l’impact du “lie » sur “the level of difficulty in
playing it ». Le “good lie” est ce qui permet:
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a) |
Les endroits
de contact voulus, i.e. entre l’équateur de la balle (son
diamètre maximal) et le centre dynamique (sweet spot) de la
face du bâton; |
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b) |
L’angle d’attaque
rf.3
voulu (horizontal, en montant ou descendant légèrement).
Les conditions
a) et b) ne sont pas réalisées quand la surface est dure
(béton, asphalte, gravier, chemin des voiturettes, gazon
disparu sur terre durcie) et quand le sol est incliné (4
situations possibles).
Quelques
remarques sur la dénivellation : elle exige de modifier la
posture initiale, l’élan, le choix de bâton, la direction du
coup, la prise sur le bâton; en somme les amateurs n’apprécient
pas beaucoup. Il y a 4 situations : le pied avant est plus élevé
(uphill shot) ou plus bas (downhill shot) ; la balle est plus
élevée ou plus basse que le golfeur. WorldGolf inclut « the
slope » parmi les déterminants du « lie »
rf.4.
Sur le vert et près du vert, frapper en pente descendante rend
très difficile l’estimation de la vitesse optimale du coup
roulé, même par les pros.
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c) |
L’absence
d’interférence
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I. |
de terre
(balle tombée dans un trou sur l’allée parce qu’un
joueur précédent n’a pas eu la courtoisie de replacer
une motte); |
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II. |
de sable
(balle enfoncée, parfois presque invisible); |
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III. |
d’herbe
longue (rough) à proximité immédiate de la balle
(l’enfoncement de la balle empire la situation) ; |
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IV. |
d’eau; |
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V. |
de
branche, de roche, juste en arrière de la balle. |
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Ces 3
conditions sont réalisées quand la balle est légèrement
soulevée de terre;
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I. |
soit par un tee comme on le permet
sur le tertre de départ
rf.5; |
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II. |
soit par
un gazon rasé, horizontal, sur sol mou, comme on en
trouve;
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a) |
sur un
tertre de départ (quand on frappe avec un fer sans
recourir au tee); |
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b) |
dans
une allée bien entretenue; |
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c) |
sur
une bordure d’allée au gazon entretenu. |
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2) Position,
location (good or bad)
C’est
l’emplacement, la position sur le parcours, horizontale,
géographique, celle qu’on peut observer à vol d’oiseau au-dessus
du terrain, dans la mesure où elle influence l’exécution de
l’élan, le choix optimal du bâton et de la direction du coup
rf.6.
En anglais « location, placement », répondant à la question «
where is the ball located on the course, where is it lying ».
Une mauvaise
position pourrait résulter d’un obstacle ou d’une dénivellation,
même si la surface est bonne et même si la balle y repose
correctement. Un obstacle :
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a) |
nuit à l’élan,
physiquement ou psychologiquement, tel qu’un arbre à
proximité du trajet de l’élan; |
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b) |
s’interpose
entre la cible et la balle; oblige à faire monter la balle
immédiatement, par exemple pour franchir un buisson ou pour
franchir un muret trop rapproché dans une fosse de type «
links »; oblige à changer la direction à cause d’un obstacle
de hauteur infranchissable, ou oblige à frapper très bas
pour passer sous une branche; |
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c) |
s’interpose
visuellement avec la cible, comme sur un parcours coudé ou
derrière une colline, rendant difficile un alignement
optimal. |
Les autres
lexiques
« C'est
la position de la balle sur le sol » selon deux sites sportifs
sans prétention linguistique (rf.11
et rf.12).
Voilà bien la notion de surface, de contact avec le sol,
distincte de la position sur le parcours.
Références :
Bon Golf |
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